Cette année, pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le monde est en récession. En France, les conséquences sont désormais connues : à horizon 2010, le chômage touchera près de 3 millions de personnes, le déficit public sera de l’ordre de 8 % du PIB et la dette publique avoisinera les 80 % du PIB. Dans un premier temps, il convient évidemment de protéger les populations les plus fragiles. Mais au-delà, que faire ?
Quelles que soient les conditions de sortie de cette crise, il ne faut pas oublier qu’une de ses causes premières réside dans le creusement des inégalités. Autant dire qu’une fois la croissance repartie se posera l’inévitable question de sa redistribution. Le débat quittera alors le terrain économique pour se porter sur le terrain fiscal. Deux alternatives s’imposent qui dépendent de l’ampleur et de la profondeur de la crise.
Soit il s’agit d’une crise conjoncturelle comme le capitalisme en connaît régulièrement à chaque fin de cycle. Une crise certes plus profonde que les autres mais dont on perçoit tout de même la sortie dès l’année prochaine. Une crise de la demande où les mesures fiscales doivent accompagner la baisse des taux et les mesures budgétaires.
Soit il s’agit d’une crise plus structurelle. Une crise synonyme d’un changement radical de notre régime économique, fondé depuis plus de 30 ans sur l’endettement des ménages, destiné à soutenir la consommation et à lutter contre les inégalités. Face à un nouveau paradigme, la solution optimale est de lutter contre les racines du mal, à savoir le creusement des inégalités. Et cela passe par un soutien à ceux qui en ont le plus souffert ces trente dernières années, c’est à dire les classes moyennes.
En France, les deux mesures fiscales prises depuis le début de la crise sont d’une part la réduction de l’impôt sur les revenus de 2008 pour près de 6 millions de contribuables de la première et de deuxième tranche, et la réduction de 19,6 % à 5,5 % du taux de TVA dans la restauration. Comme nous l’avons mentionné, les mesures fiscales les plus urgentes devraient être temporaires, car on ne sait pas encore les conditions de sortie de crise, et se focaliser sur les populations les plus fragiles. Or une réduction d’impôt sur le revenu concerne par définition des contribuables qui paient cet impôt. Seront donc concernées les classes moyennes dont l’objectif, à la différence des classes défavorisées, n’est pas de consommer plus mais d’épargner plus. Quant à la baisse de la TVA dans la restauration, on peut légitimement douter de son impact positif sur les populations fragiles, tant il semble évident que celles-ci fréquentent peu ce genre d’établissements en période de crise.
En définitive, à chaque situation ses remèdes. L’urgence réside dans l’aide aux populations fragiles. Au-delà, tant que l’on ne connaît pas le mode de sortie de crise (la situation), il est trop tôt pour prendre des mesures (les remèdes) qui pourraient s’avérer inadaptés dans le temps.
Source : Valeurs actuelles, le 4 juin 2009
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