La réforme de la ficalité du patrimoine

Publié le 30/06/2011

La réforme de la fiscalité du patrimoine comporte un volet qui intéresse les donations.
L’idée, lumineuse hier, qui consistait à les rendre moins coûteuses que les successions, en prévoyant une réduction de droits de 50 % lorsque l’on donne en pleine propriété avant 70 ans et de 30 % lorsque l’on transmet avant 80 (et rien au-delà) passera en perte pour le contribuable et en profit pour l’Etat (du moins le croit-on en haut lieu) lorsque la loi nouvelle sera promulguée.
Taxer au même tarif les donations en pleine propriété et les successions revient pourtant à renvoyer aux calendes grecques la perception des droits d’enregistrement, car l’avantage fiscal est encore aujourd’hui le plus puissant des moteurs de l’intention libérale.
Nos chers compatriotes qui ont l’avantage d’être concernées par la mesure (95 % des successions sont aujourd’hui exonérées) comprendront vite qu’une taxation immédiate vaut moins qu’une perception différée.
Les plus riches d’entre eux choisiront l’expatriation que le nouvel « exit tax » ne dissuadera pas de passer à l’acte :
Qui pourrait arborer un civisme fiscal suffisamment élevé pour accepter de laisser à l’Etat près de 45% de sa fortune?
Si elle devait être adoptée, cette nouveauté législative conduira à l’alourdissement de la charge fiscale des classes moyennes supérieures qui ne peuvent s’offrir le luxe d’une expatriation.
Les très riches qui ne feront pas le pas, mourront encore plus riches, en ne consommant que le strict nécessaire.
Frustrés par leur générosité asséchée, leurs descendants hériteront trop tard sans avoir jamais consommé.
On recommandera donc à nos édiles fiscaux, gardiens des deniers de l’Etat, la relecture de la fable de la poule aux œufs d’or en son indémodable conclusion :

« Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus qui du soir au matin sont pauvres devenus pour vouloir trop tôt être riches ».

Source : Article paru dans « Les Echos » du 30 Juin 2011

  • Partager
Pour aller plus loin :
Projets de réformes fiscales

Imposer les riches

Une récente étude de l’Institut des politiques publiques nous apprend que les 0,1 % des Français les plus riches, les 378 foyers fiscaux versant les plus fortes contributions, seraient imposés sur leurs revenus au taux dérisoire de 2 %. Estimation surprenante, étant donné que le taux de l’impôt progressif culmine à 49 % dans la catégorie visée.

Projets de réformes fiscales

L’ISF climatique serait catastrophique pour les jeunes actifs comme pour les entreprises

ans un rapport remis au gouvernement, un économiste préconise de financer la transition écologique par un impôt temporaire sur le modèle de l’ISF. Philippe Bruneau et Jean-Yves Mercier analysent les conséquences d’une telle mesure.

Projets de réformes fiscales

Fiscalité : « Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent »

Les fiscalistes Philippe Bruneau et Jean-Yves Mercier examinent, dans une tribune au « Monde », une série de propositions en matière fiscale faites par les candidats à l’élection présidentielle et constatent que leur faisabilité juridique se heurte aux règles constitutionnelles françaises.


Suivez notre actualité

Pour ne plus manquer les événements du Cercle, inscrivez-vous à notre liste de diffusion

INSCRIPTION