Article paru dans « Le Monde » du 11 Octobre 2018
Le gouvernement vient d’annoncer son projet de supprimer le dispositif de « l’exit tax » tel qu’il existe aujourd’hui pour le remplacer par un «dispositif plus ciblé» visant spécifiquement les cas d’optimisation fiscale.
« L’exit tax » a été instaurée en 2011 par Nicolas Sarkozy pour freiner l’exil fiscal, c’est-à-dire le départ légal de contribuables français vers des cieux moins imposés. Pour parler court, elle visait spécifiquement le départ d’entrepreneurs français en particulier attirés par le régime d’exonération d’impôt sur les plus-values de cession de titres existant en Belgique.
Dans cet esprit, « l’exit tax » frappe les plus-values latentes qui figurent sur les titres d’entreprises des contribuables qui s’exilent en cas de cession de ces titres dans les quinze années qui suivent leur départ. Le dispositif prévoit en outre la constitution par les impétrants au départ de garanties au profit de l’Etat avec pour conséquence une complexité sans nom.
Force est de constater que « l’exit tax » n’aura que très partiellement atteint son but. Car si certains entrepreneurs se sont fait piéger au début de sa mise en application, les candidats actuels au départ se sont adaptés. Ils quittent la France avant de créer leur entreprise et évitent ainsi de passer sous les fourches caudines de « l’exit tax ». Ainsi, cet impôt ne fait qu’accélérer un phénomène qu’il était censé freiner.
Pour remédier à cela, trois pistes semblent envisageables :
Reste à savoir comment traiter les contribuables qui auraient quitté le territoire entre 2011 et fin 2018. Peut-on imaginer que leur délai de conservation soit raccourci ? Rien n’oblige le législateur à le prévoir, mais il serait équitable de procéder à un alignement de leur situation. En revanche, il parait inconcevable de rembourser ceux d’entre eux qui auraient déjà procédé à des cessions de titres mettant ainsi fin au sursis de « l’exit tax » obtenu lors du départ.
Depuis la nuit du 4 août et l’abolition des privilèges, l’égalité devant l’impôt demeure au cœur de notre vie publique. Selon les derniers travaux de l’Insee, avant transferts, les ménages aisés (10 % de la population) ont un revenu 18 fois plus élevé que celui des ménages pauvres, contre 1 à 3 fois après transferts…
Une récente étude de l’Institut des politiques publiques nous apprend que les 0,1 % des Français les plus riches, les 378 foyers fiscaux versant les plus fortes contributions, seraient imposés sur leurs revenus au taux dérisoire de 2 %. Estimation surprenante, étant donné que le taux de l’impôt progressif culmine à 49 % dans la catégorie visée.
L’Assemblée Nationale a récemment adopté un amendement au projet de loi de finances pour 2023 visant à relever de 30 à 35% l’imposition des dividendes perçus par les particuliers lorsqu’ils dépassent de 20% la moyenne de ceux versés au cours des cinq dernières années et proviennent d’une société réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 750 millions d’euros.