Illogique fiscalité

Publié le 14/11/2012

 

Notre pays doit faire face à une croissance atone. Or, le moyen le plus efficace de relancer l’emploi tout en réduisant notre endettement consiste à recréer les conditions d’une croissance auto-entretenue. Cela passe entre autre par l’orientation d’une partie de l’épargne des français essentiellement placée en produits court terme (livrets, fonds euro de contrats d’assurance-vie, placements court terme…) vers une épargne et des investissements de long terme, c’est-à-dire les actions. La fiscalité constitue un des moyens privilégié pour y parvenir. Tout l’enjeu consiste donc à réconcilier fiscalité et croissance. Pourtant, les dernières mesures fiscales qui impactent les actions sont à rebours d’une telle logique.

Ainsi de la taxe sur les transactions financières qui frappe l’achat d’actions de sociétés françaises cotées dont la capitalisation boursière dépasse le milliard d’euros. Loin de freiner la « spéculation » et de frapper le « monde de la finance », elle sera in fine supportée par les investisseurs, donc les actionnaires.

Ainsi de la suppression du prélèvement forfaitaire libératoire sur les dividendes. Avec une imposition systématique au barème de l’impôt sur le revenu, les revenus d’actions sont dorénavant traités comme les revenus d’activité. Le risque en plus. Et encore a-t-on échappé au pire en évitant la suppression de l’abattement de 40 % qui, rappelons-le, se justifie par le simple fait qu’il évite une double imposition du bénéfice des entreprises.

Ainsi de la nouvelle contribution de 3 % qui frappe les sociétés soumises à l’impôt sur les sociétés sur le montant des dividendes qu’elles distribuent. Là encore, bien qu’étant à la charge de la société, cette contribution frappera l’actionnaire qui verra l’actif social se réduire d’autant.

Maigre motif de satisfaction, les actionnaires sont dorénavant fiscalement mieux traités que les créanciers, puisque les revenus d’obligations sont en gros taxés à 62 % quand les dividendes le sont à 44 %.

Source: Article paru dans Journal  » Le Monde  » du 14/11/2012

  • Partager
Pour aller plus loin :
Impôt sur le revenu / Plus-Values

La fiscalité des happy few

Depuis la nuit du 4 août et l’abolition des privilèges, l’égalité devant l’impôt demeure au cœur de notre vie publique. Selon les derniers travaux de l’Insee, avant transferts, les ménages aisés (10 % de la population) ont un revenu 18 fois plus élevé que celui des ménages pauvres, contre 1 à 3 fois après transferts…

Impôt sur le revenu / Plus-Values

Deux poids, deux mesures

Une récente étude de l’Institut des politiques publiques nous apprend que les 0,1 % des Français les plus riches, les 378 foyers fiscaux versant les plus fortes contributions, seraient imposés sur leurs revenus au taux dérisoire de 2 %. Estimation surprenante, étant donné que le taux de l’impôt progressif culmine à 49 % dans la catégorie visée.

Impôt sur le revenu / Plus-Values

Super dividende

L’Assemblée Nationale a récemment adopté un amendement au projet de loi de finances pour 2023 visant à relever de 30 à 35% l’imposition des dividendes perçus par les particuliers lorsqu’ils dépassent de 20% la moyenne de ceux versés au cours des cinq dernières années et proviennent d’une société réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 750 millions d’euros.


Suivez notre actualité

Pour ne plus manquer les événements du Cercle, inscrivez-vous à notre liste de diffusion

INSCRIPTION