La quasi-totalité des observateurs du marché immobilier se félicite d’une augmentation importante du
nombre de ventes de logements neufs et d’une récente amélioration du marché de l’ancien.
De là à conclure que c’est le moment d’acquérir un bien immobilier, rapidement, il y a peut-être un raisonnement un peu hâtif.
Il est exact que les taux d’intérêt sont encore bas, en dépit d’une légère augmentation ces dernières semaines. Cela facilite l’accession à la propriété. Mais il est quasi certain que, dans un délai rapproché, les taux vont augmenter de manière significative. Les taux d’intérêt aux Etats-Unis à 10 ans sont aujourd’hui déjà plus du double des taux français. Lorsque la Réserve fédérale va remonter ses taux, ce qui pourrait ne pas tarder, cela entraînera, automatiquement, une élévation de taux en Europe et particulièrement en France.
Cela sera fatal au marché immobilier, qui retombera en crise. Cela pourrait se produire au premier semestre 2016. Cela se traduira par une baisse du nombre de transactions et, par conséquent, une baisse importante des prix de vente au mètre carré.
Quant aux logements neufs, les statistiques de ventes actuelles cachent la réalité : il n’y a pas d’augmentation sensible des mises en chantier. Aussi, dans moins d’un an, le secteur pourrait être sinistré. Alors, acheter actuellement n’est-ce pas une erreur ? Ne faut-il pas attendre 2017 pour acquérir ? Le gouvernement en place après les élections de mai 2017, quelle que soit sa couleur politique, prendra des mesures pour relancer le marché immobilier. On connaît parfaitement les mesures simples nécessaires. Cependant, avant que les mesures produisent leur effet, la crise du logement dans certaines régions, liée à la baisse du nombre de logements neufs mis sur le marché et à l’augmentation de la population, pourrait survenir et entraîner une explosion des prix à la fin de la décennie.
L’endettement des Etats, le ralentissement économique dans certains pays comme la Chine, pourraient entraîner des mouvements de yoyo graves sur le marché boursier. Aussi, parallèlement à l’investissement immobilier dans deux ans, l’investisseur doit s’interroger sur l’opportunité de sécuriser son gain boursier de ces derniers mois. Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. Décidément, la gestion d’un patrimoine n’est pas un long fleuve tranquille.
Pendant des décennies, les propriétaires bailleurs ont bénéficié d’un abattement de 14% sur leurs revenus fonciers.
En 2006, le législateur a décidé de refondre le barème de l’impôt sur le revenu en abaissant les taux d’environ 20%. Corrélativement, il a supprimé la déduction forfaitaire de 14%.
Le gouvernement rencontre des problèmes de coordination dans sa politique immobilière. Le marché locatif est déséquilibré. Il faut mettre en place une réforme d’ampleur pour encourager la construction de nouveaux logements et aider les propriétaires à réaliser la transition écologique, en s’appuyant sur les points énoncés par ces auteurs.
FIGAROVOX/TRIBUNE – Le gouvernement a décidé en juin dernier de mettre fin au dispositif Pinel. Pour Bernard Monassier, vice-président du Cercle des fiscalistes, cette mesure de bon sens n’est qu’un début, et il est urgent que d’autres réformes durables soient entreprises pour remédier à la crise du logement.