Source : Challenges du 27 août 2015
En application de l’article 786 du Code général des impôts, les enfants bénéficiant d’une adoption simple sont taxés sur le plan du droit fiscal successoral comme des enfants légitimes ou naturels s’ils sont les enfants par le sang du conjoint de l’adoptant.
Cette disposition fiscale de faveur ne devrait pas, en principe, s’appliquer en cas d’adoption après le décès du parent biologique de l’adopté : l’adoptant étant à ce moment-là en situation de veuvage et non de mariage.
Cependant, depuis 1934, l’administration acceptait d’appliquer ce régime de faveur à cette situation relativement rare.
Or, en 2012, par inadvertance ou sciemment, l’administration a supprimé cette tolérance en omettant de la faire figurer dans le Bulletin officiel des finances publiques (BOFiP), seule documentation fiscale aujourd’hui opposable à l’administration.
Un parlementaire s’en est ému au Journal Officiel. Fin 2014, Bercy a publié sa réponse et prétend que la réponse de 1934 est toujours en vigueur. Hélas, tout ce qui n’est pas dans le BOFiP est sans valeur, et cette réponse de 1934 n’y figure pas.
L’administration s’était engagée à insérer cette réponse au BOFiP. On l’attend encore.
Une fois de plus, les contribuables se trouvent à la merci de la bonne volonté des fonctionnaires chargés d’appliquer une législation plutôt erratique.
Le choix du placement qui accueillera des actifs financiers faisant l’objet d’un démembrement est essentiel et la fiscalité n’est pas le seul critère à considérer.
« Pour les parents, laisser un héritage à ses enfants consiste à arbitrer entre consommation personnelle et transmission familiale », estiment Jérôme Bernecoli et Frédéric Poilpré. Dans une chronique du Point publiée le 20 mai, Julien Damon propose de taxer les héritiers plutôt que l’héritage au soutien de la thèse selon laquelle il est économiquement plus avantageux d’hériter que de travailler, oubliant que les Français sont majoritairement contre l’impôt sur la mort.
Aux termes de notre législation fiscale, chaque parent peut donner – en sommes d’argent, biens (meubles, voiture, bijoux, etc.), immeubles, ou valeurs mobilières (actions, parts sociales, etc.) – jusqu’à 100.000 euros par enfant sans qu’il y ait de droits de donation à régler. Ainsi, un couple peut-il transmettre à chacun de ses enfants 200.000 euros exonérés de droits tous les quinze ans.