Article paru dans le Monde du 12 Octobre 2016
C’est bien connu, les promesses électorales n’engagent que ceux qui les écoutent. Mais en matière fiscale, il en est une dont on est certain qu’elle sera mise en œuvre en cas de victoire de la droite à l’élection présidentielle : la refonte de la taxation des plus-values financières.
Tous les candidats de droite souhaitent en effet revenir sur la réforme fiscale de 2012 qui a aligné la fiscalité du capital sur celle du travail en réintégrant les dividendes, les intérêts et les plus-values de cession de titres dans le barème progressif de l’impôt sur le revenu.
Les effets étaient prévisibles. La France est aujourd’hui le pays qui taxe le plus le capital en Europe. Résultat, alors que notre consommation intérieure reste atone et que l’investissement pourrait permettre de maintenir une croissance digne de ce nom, les investisseurs se font toujours attendre.
Il est donc urgent de revenir à un système dual qui taxe les revenus du travail au barème progressif de l’impôt sur le revenu et ceux du capital à un taux forfaitaire. Dans son dernier ouvrage, Nicolas Sarkozy propose de fixer ce taux à 26%, ce qui paraît raisonnable.
Mais cela ne suffit pas. Pour orienter efficacement l’épargne des français vers l’investissement productif, c’est-à-dire les actions, et distiller une dose d’équité, il convient de prendre en compte deux éléments dans la taxation des plus-values financières. Valoriser d’une part le degré de risque pris par l’investisseur, ce qui reviendrait à moins taxer une plus-value sur titre d’entreprise qu’un produit obligataire. Distinguer d’autre part la durée du placement, l’investissement de court terme, dit « spéculatif », devant être plus taxé que l’investissement de long terme, assimilable à une véritable participation.
Toute réflexion sur la fiscalité doit avoir pour ambition de la mettre au service de la croissance. Orienter l’épargne des français vers les actions va dans ce sens. C’est une priorité pour laquelle la fiscalité jouera un rôle déterminant.
Une récente étude de l’Institut des politiques publiques nous apprend que les 0,1 % des Français les plus riches, les 378 foyers fiscaux versant les plus fortes contributions, seraient imposés sur leurs revenus au taux dérisoire de 2 %. Estimation surprenante, étant donné que le taux de l’impôt progressif culmine à 49 % dans la catégorie visée.
ans un rapport remis au gouvernement, un économiste préconise de financer la transition écologique par un impôt temporaire sur le modèle de l’ISF. Philippe Bruneau et Jean-Yves Mercier analysent les conséquences d’une telle mesure.
Les fiscalistes Philippe Bruneau et Jean-Yves Mercier examinent, dans une tribune au « Monde », une série de propositions en matière fiscale faites par les candidats à l’élection présidentielle et constatent que leur faisabilité juridique se heurte aux règles constitutionnelles françaises.