Le notaire de nombreuses – et puissantes – grandes familles, Bernard Monassier, livre son avis sur les donations en France.
Pourquoi les riches Français ont-ils tant de mal à donner ?
L’explication la plus souvent mise en avant – l’impossibilité par le droit français de priver ses enfants de leur héritage – est un peu courte. Il est vrai que si Mark Zuckerberg était français, sa fille Maxima ne pourrait percevoir moins de la moitié de son héritage, « la part réservataire », et le fondateur de Facebook ne pourrait compter que sur l’autre moitié, la « quotité disponible », pour en faire ce qu’il souhaite.
Mais peut-on s’en affranchir ?
Cette impossibilité légale peut en effet être contournée… si les héritiers sont d’accord. J’ai ainsi organisé une donation, les deux héritiers d’un de mes clients renonçant à leur part réservataire. Cela prend le nom barbare de « renonciation à l’action de réduction » et peut se faire sous trois conditions : que les héritiers soient majeurs, que cette renonciation se fasse devant deux notaires, et que le donateur soit absent lors de cet acte.
Et fiscalement ?
Comme aux Etats-Unis, la donation à une fondation se fait en France sans payer de droits de succession.
Le choix du placement qui accueillera des actifs financiers faisant l’objet d’un démembrement est essentiel et la fiscalité n’est pas le seul critère à considérer.
« Pour les parents, laisser un héritage à ses enfants consiste à arbitrer entre consommation personnelle et transmission familiale », estiment Jérôme Bernecoli et Frédéric Poilpré. Dans une chronique du Point publiée le 20 mai, Julien Damon propose de taxer les héritiers plutôt que l’héritage au soutien de la thèse selon laquelle il est économiquement plus avantageux d’hériter que de travailler, oubliant que les Français sont majoritairement contre l’impôt sur la mort.
Aux termes de notre législation fiscale, chaque parent peut donner – en sommes d’argent, biens (meubles, voiture, bijoux, etc.), immeubles, ou valeurs mobilières (actions, parts sociales, etc.) – jusqu’à 100.000 euros par enfant sans qu’il y ait de droits de donation à régler. Ainsi, un couple peut-il transmettre à chacun de ses enfants 200.000 euros exonérés de droits tous les quinze ans.
Merci à toutes et à tous ayant suivi la nouvelle édition des Rencontres de l’Épargne organisée par Le Monde, en partenariat avec BoursoBank, lors de laquelle Philippe Bruneau, Président du Cercle des Fiscalistes, est intervenu.
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