Challenges du 21 mai 2015
En vertu de certaines dispositions fiscales, il arrive que des cessions de droits sociaux soient exonérées de plus-values (par exemple, cession au-delà d’un certain délai ou cession à un membre de sa famille).
Néanmoins, ces cessions, dans certaines situations, ne réalisent pas de plus-values mais des moins-values. Dans ce cas, un contribuable peut-il imputer ces moins-values sur des plus-values par ailleurs, alors que, s’il y avait plus-values, elles ne seraient pas taxables ?
Le cas est peu fréquent, car il y a généralement au moins une plus-value liée au phénomène de l’inflation. Mais cela peut arriver : ainsi un contribuable s’est retrouvé dans cette situation de réaliser des moins-values sur une cession non taxable s’il y avait eu une plus-value. Il a voulu imputer ses moins-values sur des plus-values réalisées par ailleurs sur d’autres opérations. Il a porté l’affaire devant les tribunaux. Hélas, le Conseil d’Etat, le 4 février 2015 lui a donné tort.
Ne faut-il pas s’en étonner ? Ces régimes fiscaux de faveur se transforment, en cas de plus-values négatives, en régime fiscaux de défaveur.
C’est peut-être juridiquement compréhensible, mais contraire au bon sens. Cette affaire permet de s’interroger sur la nécessaire réforme de notre système fiscal.
Depuis la nuit du 4 août et l’abolition des privilèges, l’égalité devant l’impôt demeure au cœur de notre vie publique. Selon les derniers travaux de l’Insee, avant transferts, les ménages aisés (10 % de la population) ont un revenu 18 fois plus élevé que celui des ménages pauvres, contre 1 à 3 fois après transferts…
Une récente étude de l’Institut des politiques publiques nous apprend que les 0,1 % des Français les plus riches, les 378 foyers fiscaux versant les plus fortes contributions, seraient imposés sur leurs revenus au taux dérisoire de 2 %. Estimation surprenante, étant donné que le taux de l’impôt progressif culmine à 49 % dans la catégorie visée.
L’Assemblée Nationale a récemment adopté un amendement au projet de loi de finances pour 2023 visant à relever de 30 à 35% l’imposition des dividendes perçus par les particuliers lorsqu’ils dépassent de 20% la moyenne de ceux versés au cours des cinq dernières années et proviennent d’une société réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 750 millions d’euros.