Livrets bancaires, dividendes, plus-values, participation…, toutes les formes d’épargne supportent cette année une taxation accrue. Quelques parades existent.
Conseil d’expert – Jean-Yves Mercier, Avocat CMS Bureau Francis Lefebvre « Revoyez vos options fiscales »
Jean-Yves Mercier. La hausse du prélèvement libératoire forfaitaire (PLF) qui, le 1er janvier, est passé de 19% à 24%, mais aussi le nouveau relèvement des contributions sociales. Leur taux venait d’être porté, en octobre dernier à 13,5%. Le 1er juillet il passera à 15,5%. Tous les placements à taux fixe, livrets bancaires, obligations, épargne salariale ou plans d’épargne logement de plus de 12 ans sont imposés, au total, à 37,5% aujourd’hui et à 39,5% demain….
La rémunération étant faible, il ne reste pas grand chose !
Vous ne pouvez pas agir sur le montant des contributions sociales mais vous pouvez optimiser l’impôt. Etre soumis au PLF n’est qu’une option. Vous l’avez peut-être choisie, sans y prendre garde, en cochant une case à l’ouverture d’un contrat. Nombre d’entre vous n’ont aucun intérêt à rester sous ce régime. Vous pouvez préférer ajouter les gains à votre revenu imposable. Ils seront alors taxés au taux de votre tranche supérieure d’impôt : si vous êtes dans la tranche à 5,5% (revenu inférieur à 11 896 € pour une personne seule), ou à 14% (revenu inférieur à 26 420 €), le PLF (24%) est défavorable. Contactez votre banque, sans tarder.
Pour les dividendes d’actions c’est la même chose ? Oui. A moins d’encaisser 100 000 € de dividendes dans l’année et d’être très imposé sur le revenu, opter pour le PLF n’est pas le bon choix.
Depuis le 1er février les plus-values immobilières ne sont exonérées qu’au terme de 30 ans, y a-t-il une alternative ?
Pas vraiment. C’est une fiscalité très lourde, d’autant plus que les abattements ne produisent d’effet que dans les dernières années : au bout de 24 ans, vous serez encore imposé à 32,5% (voire 34,5% avec la nouvelle CSG) sur la moitié de la plus-value réalisée ! Seule parade pour les parents qui souhaitent transmettre du patrimoine à leurs enfants : leur donner le bien immobilier. Des droits de donation peuvent être dus si la part par bénéficiaire dépasse les abattements (159 325 € par enfant et par parent), mais la plus-value n’est pas taxée. Le compteur repart à zéro et en cas de revente immédiate par les enfants, il n’y aura pas de plus- value.
Faites le plein de tous vos livrets exonérés. Privilégiez l’assurance vie à la fiscalité plus clémente, même si l’argent est moins disponible. Pour payer moins d’impôt, investissez dans les PME. Si vous partez en poste à l’étranger, informez-vous sur « l’exit taxe » avant de plier bagage (voir ci- dessous).
Deux régimes en vigueur : pour les patrimoine inférieurs à 3 millions d’euros, il n’y a plus de déclaration détaillée à faire. Il suffit de porter le montant taxable sur la déclaration d’impôt sur le revenu. C’est l’administration qui fera le calcul et l’ISF sera à régler à l’automne. En revanche, pour les patrimoines supérieurs à 3 millions d’euros, l’inventaire détaillé reste obligatoire et le contribuable doit régler spontanément (avant le 15 juin) le montant de l’impôt qu’il évalue lui-même. Exemple de calcul : pour un patrimoine égal à 1 350 000 €, l’ISF se monte à 2 500 €.
Valeur nette taxable du patrimoine (P) | Calcul de l’impôt |
Inférieure à 1 300 000 € | 0 |
De 1 300 000 € à 1 400 000 € | P x 2 % – 24 500 |
De 1 400 000 € à 3 000 000 € | P x 0,25 % |
De 3 000 000 € à 3 200 000 € | P x 4,25 % – 120 000 |
Supérieure à 3 200 000 € | P x 0,5 % |
Depuis la nuit du 4 août et l’abolition des privilèges, l’égalité devant l’impôt demeure au cœur de notre vie publique. Selon les derniers travaux de l’Insee, avant transferts, les ménages aisés (10 % de la population) ont un revenu 18 fois plus élevé que celui des ménages pauvres, contre 1 à 3 fois après transferts…
Une récente étude de l’Institut des politiques publiques nous apprend que les 0,1 % des Français les plus riches, les 378 foyers fiscaux versant les plus fortes contributions, seraient imposés sur leurs revenus au taux dérisoire de 2 %. Estimation surprenante, étant donné que le taux de l’impôt progressif culmine à 49 % dans la catégorie visée.
L’Assemblée Nationale a récemment adopté un amendement au projet de loi de finances pour 2023 visant à relever de 30 à 35% l’imposition des dividendes perçus par les particuliers lorsqu’ils dépassent de 20% la moyenne de ceux versés au cours des cinq dernières années et proviennent d’une société réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 750 millions d’euros.